Installation / Sculpteur

John Bulteel

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7780 Comine
  

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32(0)56 55 69 67  

Le site Internet de l'artiste :
www.johnbulteel.be  
E-mail : 
john.bulteel@skynet.be  


vue exposition au « Maison de Patrimoine »  Comines France

Religions, folklores, mythes et légendes font depuis toujours parties de mes sources d’inspiration.

Marqué par la tradition populaire et grand admirateur des carnavals, géants et autres personnages de cortèges et de liesses. Leur position verticale, les mains le long du corps évoquent les Kouros grecques et autres sculptures égyptiennes.

La verticalité est omniprésente dans mes sculptures accentuée par la blancheur d’une matière brute, le plâtre. Les sculptures récentes laissent apparaître leur âme de bois ou de métal tandis que leurs surfaces se lissent, évoquant un virage vers l'abstraction essentielle chère aux civilisations dites primitives.

Amoureux des formes et des matières je tourne le dos à cette tendance de l’art majoritairement présente aujourd’hui qui délaisse les matériaux pour s’intéresser au seul concept. Je reste un artisan aimant le travail de la main, les formes et les textures.

Mon travail demeure volontairement figuratif authentique et exigeant.


Actéon chasseur

John Bulteel et les « mythes aux manies »…

Depuis la nuit des temps, l’homme n’a de cesse de justifier ses actes en les faisant tutoyer un contenu référentiel où la religiosité sert d’argument d’autorité, atteste, voire rassure. Le mythe participe de cet esprit. Présent dans toutes les sociétés humaines, il apparaît comme une base essentielle, une pierre de fondation à la fois architectonique et philosophale, réceptacle manichéen et lumière salvatrice. Source d’un folklore sans cesse actualisé, participant à la fois du patrimoine oral et matériel de l’humanité, le mythe joue un rôle social évident, permettant à l’être de se situer face à son vécu mais aussi face à l’ensemble de la société humaine.

De tout temps, l’art s’en est paré pour chercher à prévenir, à juger, à guérir aussi. Si notre Occident se réfère volontiers à la mythologie gréco-romaine, celle des peuples Francs, des Ibères et de bien d’autres encore est venue étayer ce fonds. En scrutateur curieux et attentif, John Bulteel s’en est abreuvé, a laissé ce patrimoine se décanter au plus profond de soi puis l’a retravaillé à sa façon. Qui connaît John Bulteel, l’homme comme l’artiste, saisit d’emblée combien tous les sucs de l’existence offrent une base à la fois mouvante et solide à toute son œuvre, solide car constituée de pierres cristallisant mille vécus, mouvante car tantôt teintée d’humour, d’espoirs, d’écueils et de vanités aussi. Or qui mieux que le mythe peut se permettre de conjuguer ces traits de vies ?

Après avoir célébré la nature par des pastels lyriques ou de splendides dessins au fusain, après avoir chanté l’ardeur des sentiments humains et mis en scène les choses de l’amour comme de la mort, après avoir rendu un hommage appuyé aux géants et aux mille et un travestissements de l’âme humaine, notamment en donnant une teinte éroticoquine aux objets usuels comme aux récits merveilleux de l’enfance, John Bulteel revient au plus près du mythe, traquant aussi bien ses éléments constitutifs que ses diffractions dans l’œil du regardeur. Ses dernières productions en attestent.

La figure de proue de cette partie de l’œuvre de John Bulteel n’est pas Ulysse mais bien Actéon, être mortel au destin funeste, celui par qui une forme légère de perversion, le voyeurisme, se voit portée au pilori. Comme dans tout mythe, l’exposition des faits prend fin par une sorte de morale, fixant ainsi les limites à ne pas franchir. Dans des sociétés où l’oralité joue un rôle prépondérant, le mythe fixe la norme, défriche le terrain, brise les tabous et installe un fossé, une zone non aedificandi sur laquelle il ne faut en aucun cas aborder. Celui qui aura l’outrecuidance de vouloir passer outre cet interdit devra en supporter toutes les conséquences. Dans le récit mythique, c’est souvent à ce moment clef-là que le protagoniste de l’histoire prend enfin conscience de sa stupide témérité, de son imbécile insubordination et, par delà même, de sa finitude !

Afin de donner encore plus de relief au récit mis en images, John Bulteel propose d’intégrer ses créations au sein de véritables installations. Entre art conceptuel et sculpture traditionnelle, son œuvre s’empare d’un espace pour le rendre encore plus signifiant, notamment par la prégnance des matières et par la suggestion opérée plastiquement. En effet, depuis quelques temps, John Bulteel a donné à son art en trois dimensions la fertilité de l’ébauche mise à nue, du sentiment à peine esquissé. Appelant à l’archéologie du vécu de chacun, ses œuvres actualisent avec force les mythes les plus ardents, renvoyant aux simples mortels que nous sommes des atomes d’Absolu jalonnant les voies à emprunter, obturant celles qui s’avèrent délétères.

En outre, ses tableautins volontairement dénués de couleur, peuplés de lavis presque totalement diaphanes, possèdent dans la gravure sur plâtre qui les caractérise, un rappel des éléments les plus saillants des histoires qu’ils mettent en scène, un peu comme l’on cristallise dans nos cortex un moment fort de l’existence, que l’on retrouve après coup teinté d’un léger flou…


Ganymède / 2009

La « Comédie Humaine » peut alors débuter. Et si les impétrants sont des figures mythologiques, il faut bien les considérer comme des quidams avançant masqués, rappelant que le monde, qu’on le veuile ou non, demeure un grand théâtre. Actéon chasseur surprenant Arthémis au bain et s’imaginant, avant d’être châtié, des facéties éroticoquines tout en se rinçant l’œil, est bien le parangon de ces êtres de paille que nous sommes. Sa transformation en cerf et sa fin tragique (il finit dévoré par ses chiens qui, ne le reconnaissant plus, croient se repaître en tuant un animal) traduisent toute la force de la morale de l’histoire.

Dans le même ordre d’esprit, les péripéties d’Apollon et de Daphné célèbrent la quête d’un amour impossible qui débute par une moquerie. Une fois de plus, la vilénie est vengée : Eros rend Apollon fou amoureux de Daphné qui, elle, demeurera insensible au charme de ce soupirant. S’enracinant dans une forêt afin d’échapper à Apollon, Daphné se transforme en laurier dont une branche  sera récupérée par l’amoureux transi qui en ornera sa lyre. Ce mythe, qui préfigure les plus beaux marivaudages,  aurait pu s’appeler « On ne badine pas avec l’amour » ! A l’image de l’histoire de l’humanité, celle des sentiments et de leurs formes d’expression est un éternel recommencement…

Pour étayer cette thèse, John Bulteel invite encore Zeus, transformé en aigle, au moment où il s’éprend de Ganymède, jeune berger d’une beauté irrésistible, futur échanson de l’Olympe. Zeus toujours, est encore évoqué au moment où il métamorphose Io, une de ses nombreuses maîtresses, en génisse blanche qu’il rencontre fréquemment, pensant endormir les soupçons d’Héra, son épouse légitime. Mais là aussi, le mythe oppose une fin tragique à cette idylle à la fois fantastique et « fleur bleue », tout comme l’histoire des amours contrariées liant Zeus, transformé en cygne, et la Léda dont naquirent, entre autres, Castor et Pollux, les fameux Dioscures préfigurant la constellation des gémeaux.

Callisto, suivante d’Arthémis, vouée à la chasteté, fait encore les frais d’une forfanterie de Zeus lorsque ce dernier, toujours par travestissement, l’enamoure et la rend prégnante, avant qu’Arthémis entre en furie et transforme Callisto en ours.

Tous ces exemples apparaissent d’une grande actualité face à un monde contemporain qui a souvent tendance, sous couvert d’affranchissement, à laisser aller à vau-l’eau ses valeurs primordiales. Si la connaissance de la mythologie tend à se déliter et à quitter l’esprit du grand public, les figurants de John Bulteel sont là pour rappeler combien ces récits, en plus de suppléer la loi, jouent le rôle de garde-fou et préviennent de l’inéluctabilité de la chute.

Avec la gouaille qui le caractérise, trahissant un héritage direct avec les pensées tant graphiques que poétiques d’un Jérome Bosch ou d’un Brueghel, mêlées aux scansions gestuelles des meilleurs expressionnistes et à la réflexion formelle et sémantique des matiéristes, l’art de John Bulteel s’avère un révélateur de vécu placé au centre même de la douce folie des terriens en connexion directe avec leur panthéon quelque peu… décousu mais tellement édificateur !

 

Olivier CLYNCKEMAILLIE  

Conservateur du Musée de la Rubanerie cominoise,  
Comines (France), Maison du Patrimoine, 2 juillet 2010.  

 


2006 - 2010 


Cerbere / 2010

 


Chien moyen / 2010

 


Dog  / 2010

 


Daphné / 2010

 


Diane chasseresse / 2010

 


Apollon & Daphné  / 2010

 


Actéon (buste) / 2010

 


Actéon versus Artémis / 2009

 


Actéon (détail) / 2009

 


Diane / Artémis / 2009

 


Zeus / 2009

 

 


Head / 2009

 


Daphné (buste) / 2008

 


Cariatide Men / 2008

 


Rode Ridder / 2008

 


Rode Ridder (détail) / 2008

 


Head Ex Voto III / 2007

 


Ex Voto / 2006

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