Franca RAVET Discipline : Peintre / Schilder |
Empreinte identitaire Lorsqu’il a écrit Oublieuse Mémoire, le poète Jules Supervielle n’avait pas seulement en tête de stigmatiser les imperfections du souvenir. Son propos était plus large: pointer ce qui dans la mémoire transcende les objets sur lesquels elle se pose. Au-delà de telle ou telle évocation particulière, elle possède un fonctionnement propre à travers lequel, comme l’affirmait Florence Davaille dans un brillant mémoire sur le sujet, “elle ne trahit pas seulement un vide (l’absence de la chose), mais crée un plein (une autre chose) d’une qualité particulière”. Cette métaphysique de la mémoire pourrait s’appliquer à la nouvelle série d’oeuvres que Franca Ravet présente à la galerie Libre Cours. L’artiste est partie d’une empreinte graphique donnée – qu’elle assimile à “une sorte d’IRM cérébral” –, répétée de manière obsessionnelle et répétitive. Du point de vue du sens, Ravet restitue ce processus de “conception, de transmission et d’effacement des informations mémorisées tout au long de nos vies”. A travers ces infinies variations, on identifie ce qui est toujours déjà là, la condition même du surgissement de l’objet. La peinture de Franca Ravet aborde cette terre ferme, ce rivage sur lequel il nous est donné de poser le pied quand tout tangue autour de nous. Elle pourrait s’arrêter au bord de ces toiles puissamment graphiques que la boucle serait déjà bouclée. Elle n’en fait rien. En livrant également des grands formats “diasec” sur plexiglas, elle impose un traitement numérique à sa peinture. C’est alors forcément toute la question du fichage et du stockage des données informatiques qui apparaît. La spirale pourrait donner le vertige si l’artiste ne se sentait pas le devoir d’en arrêter un instant la course folle. Par Michel Verlinden « FOCUSVIF »
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